Témoignages éleveurs

« J’ai dû faire abattre 26 vaches, et certains de mes veaux ne veulent plus téter »

Témoignages recueillis par Sioux Berger
Témoignage de Serge Martinet, Lieu-dit La Font Belle, commune de Saint-Saury, Cantal Nous sommes producteur laitier, et nous vivons à 700 mètres des éoliennes du parc de Saint-Saury. Hautes de 150 mètres, elles sont plantées face à notre maison.
Depuis l’installation des éoliennes, nous rencontrons de nombreux problèmes : le bruit avant tout, surtout difficile à supporter la nuit. Les insomnies…mon épouse souffre aussi de migraines. Je passe sur le fait qu’on n’a plus la télé quand il y a du vent…
Mais ce n’est pas tout : notre production laitière rencontre également des difficultés : des cellules sont apparues en quantité dans le lait des vaches. Du coup, notre lait, qui possédait le label AOP, a été déclassé. Nous avons dû faire abattre 26 bêtes.
Et nous rencontrons également des problèmes avec les veaux qui viennent de naître. Certains ne veulent pas téter. C’est comme s’ils perdaient le réflexe de succion. J’ai bien essayé de leur faire une piqûre de médérandyl, mais sans succès. Un veau qui ne tète pas, c’est un veau qui se fragilise très vite. Alors on essaie par tous les moyens de le nourrir, mais, si la vache vêle dans le champ au milieu de la nuit, ses chances de survie sont bien minces.
« Moi aussi, j’ai à présent des veaux qui refusent de têter »

Témoignage de Frédéric Issertes, lieu-dit Escalmels.
Notre exploitation se situe à environ 1 km des éoliennes de Saint-Saury. Nous ne voyons pas du tout les aérogénérateurs. On les entend un peu quand il y a le vent du sud. C’est comme un bruit d’hélicoptère, quand la pâle passe sur le mât. Pourtant je vous avoue qu’au départ, je n’étais pas contre. Mais là on apprend que le promoteur veut en rajouter sur le parc, et maintenant ça suffit.
J’ai 5 veaux qui ont crevé. Si les vaches ne vêlent pas à l’intérieur et que je ne suis pas là pour les surveiller, on dirait que les petits n’ont plus le réflexe de succion. Normalement, dès que le veau se met debout, il tète ! L’un des veaux suivait sa mère dans le pré, je croyais qu’il avait tété, je ne me suis pas inquiété…mais en fait, il n’avait rien mangé. La pauvre bête s’est affaiblie, affaiblie…
Ici, on est en pleine montagne. Nos bêtes sont en pleine nature, et elles boivent dans le ruisseau, l’Escaumel. On voudrait savoir d’où vient le problème.